Crédit photo : NP/Newestpost - Image d'archives du port de Lomé, au Togo (Afrique de l'ouest)
Bolloré : l'association Anticor se constitue partie civile
Dans un communiqué, jeudi 30 juin 2022, l'association Anticor annonce se constituer partie civile dans l’affaire dite "Bolloré" portant sur des faits de "corruption" au Togo. Une audience de la chambre de l’instruction de Paris se tiendra le 10 novembre prochain.
L'affaire remonte à 2013, quand une information judiciaire a été ouverte contre des sociétés du groupe Bolloré, soupçonné d’avoir financé la réélection du président du Togo, Faure Gnassingbé, en 2010, dont la
famille monopolise le pouvoir depuis plus de cinquante ans.
A l'époque, Faure Gnassingbé avait succédé à son père avant un coup d'État constitutionnel soutenu par l'armée, et un vote de l'Assemblée nationale togolaise.
Dans les faits, Bolloré, par l’intermédiaire d'une filiale du groupe, aurait sous-facturé ses services. En échange, le dirigeant africain aurait ainsi permis à Vincent Bolloré de récupérer la concession du port de Lomé, le seul port en eau profonde de la côte ouest africaine.
L'affaire a déjà été jugée, le 26 février 2021 devant le tribunal judiciaire de Paris, et trois prévenus dont Vincent Bolloré on reconnu les faits, notamment en plaidant coupables pour "corruption active d’agent public étranger" et "complicité d’abus de confiance".
Les trois condamnés ont aussi accepté de payer une amende de 375 000 euros chacun. Toutefois, comme rappelé par l'association Anticor dans un communiqué datant du 30 juin 2022, "cette procédure, négociée en amont avec le Parquet national financier, et qui devait éviter la tenue d’un procès, a été rejetée par le tribunal judiciaire de Paris, qui estime que les faits sont trop graves".
"Alerter sur les dangers"
Et d'ajouter, que "pour ces mêmes faits la société Bolloré SE, a quant à elle, pu bénéficier d’une procédure de justice négociée par la conclusion d’une Convention Judiciaire d’Intérêt Public (CJIP) aux termes de laquelle elle devra s’acquitter d’une amende de 12 millions d’euros mais échappe aux autres sanctions pénales dont une très importante : l’interdiction de concourir à un marché public".
Anticor justifie ainsi cette constitution de partie civile pour, dit-elle, "rappeler l’importance de la tenue de débats publics concernant les faits de corruption, et alerter sur les dangers et dérives de toutes les formes de justice négociée qui se sont développées récemment".
Vincent Bolloré a, lui, saisi la chambre de l'Instruction de la cour d’appel de Paris, pour contester sa mise en examen datant de 2018, dans le cadre de l'information judiciaire ouverte cinq ans plus tôt pour "corruption d’agent public étranger, abus de confiance et complicité d’abus de confiance", à la fois au Togo et en Guinée, entre 2009 et 2011.
L’homme d’affaires a cependant obtenu en 2019 l’annulation de sa mise en examen pour une partie des infractions concernant la Guinée, les faits étant prescrits.