Pas un jour ne passe sans que le ministre de l'Intérieur ne fasse une apparition dans les médias. Après son interview, jeudi 20 octobre, sur C8 dans l'émission "Face à Baba", Gérald Darmanin s'est rendu lundi aux obsèques de la petite Lola avant d'enchaîner une visite dans le petit village de Bihucourt, dans le Pas de Calais.

Lundi après-midi, le dernier hommage à la petite Lola, 12 ans, tuée le 14 octobre 2022, à Paris, dans des conditions horribles, a réuni des centaines de personnes, dont le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, invité par la famille de la victime.

Les obsèques ont lieu à Lillers, la ville d’origine de la mère de Lola, notamment dans un contexte de récupération politique d'une partie de la droite et de l'extrême droite. L’entourage de la jeune fille de 12 ans a d'ailleurs appelé au “respect et à la dignité” durant ces funérailles.

Elle risque la prison à perpétuité

Concrètement, la famille demande à ce que “le prénom et l’image de la petite Lola ne soient pas utilisés à des fins politiques”, tandis que l'enquête se poursuit. La principale suspecte, Dahbia B, est en détention provisoire à la prison de Fresnes, depuis le 17 octobre.

Accusée de “meurtre sur mineure de 15 ans” et “viol avec torture et actes de barbaries”, la jeune femme risque la prison à perpétuité. Un homme de 43 ans a aussi été mis en examen, pour "recel de cadavre", accusé d'avoir aidé à transporter le corps de la petite Lola dissimulé dans une malle.

Gérald Darmanin, lui, tente de rattraper l'actualité tout en restant dans le respect et la dignité face au drame qui a bouleversé les Français depuis l'annonce de la mort de la petite Lola. Le ministre de l'Intérieur s'est ainsi rendu aux obsèques, avant d'enchaîner une visite non loin de là, à Bihucourt

Dimanche, une violente tornade a frappé le nord de la France, provoquant des dégâts importants et la stupeur des habitants de plusieurs communes de la région, notamment dans ce petit village de Bihucourt. C'est là que s'est rendu lundi après-midi le locataire de la place beauvau après les funérailles de Lola.

Depuis la réélection d'Emmanuel Macron, le 24 avril, le ministre de l'Intérieur est partout, à la télé, à la radio, sur les réseaux sociaux ou sur le terrain, et dès qu'un fait divers fait l'actualité. Conscient que le président français ne pourra pas enchaîner un troisième mandat, c'est la tentation de l'Elysée qui semble motiver Gérald Darmanin.

Un ministre déjà en campagne

A l'image d'un Nicolas Sarkozy, entre 2002 et 2007, galopant de plateau en plateau, de faits divers en faits divers, dans l'espoir de saturer l'espace médiatique et d'assurer son élection au sortir du quinquennat de Jacques Chirac, le ministre de l'Intérieur est déjà en campagne.

En revanche, jeudi, dans l'émission de Cyril Hanouna sur C8 dans "Face à Baba", Gérald Darmanin, n'a pas eu un mot sur ses ambitions clairement annoncées. Selon toute vraisemblance, le ministre de l'Intérieur attendait la question quasi-inévitable.

En somme, "serez-vous le candidat à la succession d'Emmanuel Macron en 2027 ?". Mais à aucun moment, et malgré près de trois heures d'émission, l'animateur de la chaîne de la TNT n'a osé se lancer. A l'évidence, il manquait l'essentiel à la ligne éditoriale de Cyril Hanouna : le journalisme, et la perspicacité qui va avec.

Résultat, il faudra repasser pour savoir si le ministre de l'Intérieur pense à la présidentielle de 2027 "quand il se rase le matin", " et "pas seulement". Seule certitude, Gérald Darmanin n'est qu'au début de son long périple à la conquête du pouvoir suprême, dans moins de cinq ans.