Crédit photo : NP/Newestpost/Nice Matin/Jean-François Ottonello/MaxPPP - Image d'illustration d'un hommage aux victimes de l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016
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Attentat du 14 juillet à Nice : coup d'envoi d'un procès hors normes
Un peu plus de six ans après l'attaque au camion de la Promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet 2016, le procès s'ouvre aujourd'hui devant la cour d'Assises spéciale de Paris. A l'époque, l'attentat revendiqué par le groupe "État islamique" (EI) avait fait 86 morts et plus de 400 blessés.
Au total, sept hommes et une femme sont jugés à partir de ce lundi 5 septembre devant la cour d'Assises spéciale de Paris. Trois d'entre eux comparaissent pour leurs liens avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'auteur de l'attaque tué par la police niçoise le soir de l'attentat.
Ce jour de Fête nationale, le 14 juillet 2016, un peu avant 23 heures, le principal suspect avait foncé sur la foule à bord d'un camion de 19 tonnes, faisant 86 morts et des centaines de blessés. Il avait été abattu par les forces de l'ordre alors qu'il était encore au volant de son véhicule.
Pas de lien avec Daesh ?
Dans le détail, trois des prévenus sont renvoyés devant la justice dès aujourd'hui pour "terrorisme". Tandis que les cinq autres accusés, dont l'un est toujours en fuite, comparaissent pour "association de malfaiteurs", ainsi que pour des infractions à la législation sur les armes.
L'attentat a été revendiqué par le groupe Etat islamique, mais selon les enquêteurs il s'agissait plutôt d'une déclaration ayant un caractère "opportuniste". Selon les éléments de l'Instruction, il n'y aurait aucun lien entre l'organisation terroriste Daesh et Mohamed Lahouaiej Bouhlel.
Agé de 31 ans, le Tunisien est décrit par la justice française comme un jeune homme "violent" et "instable". Son absence durant ce procès restera d'ailleurs comme une blessure de plus pour les familles des victimes qui auraient aimé comprendre les intentions de l'auteur de l'attaque.
Un millier de parties civiles
Dès ce lundi 5 septembre, le procès se tient devant la cour d'Assises spéciale de Paris dans la salle spécialement construite pour le procès du 13 Novembre, dans le Palais de justice de l'Ile de la Cité. Au total, il y a près d'un millier de parties civiles, environ 130 avocats, et une centaine de médias et journalistes accrédités.
Le procès est filmé, grâce à dix caméras qui enregistrent les débats pour les archives, ainsi que pour retransmettre les images en simultané au Palais des Congrès de Nice. L'Acropolis peut ainsi accueillir jusqu'à 700 personnes. Toutes pourront suivre les débats à distance, jusqu'à la mi-décembre.
Les prévenus
Mohamed Ghraieb comparaît libre. Placé sous contrôle judiciaire le 30 janvier 2020, il est accusé d'"association de malfaiteurs terroriste criminelle" et encourt trente ans de réclusion. Agé de 46 ans, il était un ami d'enfance de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, en Tunisie.
Chokri Chafroud est, lui, un Tunisien de 43 ans accusé plus ou moins des mêmes faits. Il aurait rencontré l'auteur de l'attaque au camion quelques mois avant l'attentat sur la Promenade des Anglais, à Nice. Selon les enquêteurs, il était en France en "situation irrégulière".
Le troisième accusé se nomme Ramzi Arefa, un Franco-Tunisien de 28 ans, également poursuivi pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Il aurait joué un rôle d'"intermédiaire" avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Déjà condamné pour "trafic de stupéfiants", il risque ainsi la prison à perpétuité.
Plus de trois mois de procès
Artan Henaj est, lui, renvoyé devant la cour d'Assises spéciale de Paris soupçonné d'avoir fourni à Ramzi Arefa deux armes : un pistolet automatique et une kalachnikov. Une jeune femme, son ex-compagne Enkeledja Zace, comparaît libre pour "association de malfaiteurs".
Maksim Celaj, Albanais, comme Artan Henaj, âgé de 30 ans, a reconnu être allé chercher ladite kalachnikov à Nice la veille de l'attaque, le 13 juillet 2016. L'arme n'a pas été utilisée, mais le jeune homme est malgré tout renvoyé devant la justice.
Enfin, le huitième et dernier accusé est aussi un Albanais, Endri Elezi, âgé de 30 ans. Il est soupçonné d'être le fournisseur de la kalachnikov. Selon les enquêteurs, elle provenait d'un cambriolage. Au total, le procès va durer plus de trois mois, jusqu'au 16 décembre.