Crédit photo : NP/Newestpost/Guillaume Georges/Le Parisien/MaxPPP - Image d'archives de Rachid M'Barki, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le 1er septembre 2020
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Rachid M'Barki : journaliste ou agent des services secrets israéliens ?
Selon une enquête des cellules d'investigation de Radio France et du journal Le Monde, avec le consortium baptisé "Forbidden stories", BFMTV a diffusé des informations fournies par une agence de désinformation israélienne dirigée par des anciens de l’armée et des services secrets.
Les premières révélations datent du 11 janvier 2023, quand Rachid M’Barki, présentateur du "Journal de la nuit" sur BFMTV a été écarté de l'antenne du jour au lendemain. Notre confrère a été congédié mais conserve son salaire dans l'attente des résultats d’une enquête interne.
Dans les faits, il est soupçonné d’avoir diffusé, courant 2022, à plusieurs reprises, des sujets non validés par la rédaction en chef de BFMTV. Rachid M'Barki est ainsi accusé d'avoir relayé des informations pour le compte de gouvernements étrangers.
Lui, affirme ne pas avoir été rémunéré. En revanche, le journaliste précise qu'il a "passé" ces sujets, dit-il, "uniquement pour rendre service à une connaissance". Il s'agit de Jean-Pierre Duthion, un intermédiaire français spécialisé dans les campagnes d’influence.
Rachid M'Barki, âgé de 54 ans, reconnaît ainsi des opérations "d'entrisme" et une éventuelle "erreur de jugement journalistique". A l'antenne sur BFMTV depuis 2005, très apprécié, ses confessions ont fait l'effet d'une bombe au sein de la rédaction.
C'est Frédéric Métézeau qui a donné l'alerte. Notre confrère travaillait pour la cellule investigation de Radio France dans le cadre d'une enquête baptisée "Story Killers", elle-même coordonnée par le consortium de journalistes "Forbidden Stories".
Une structure fantôme
Rachid M'Barki a ainsi publié sur BFMTV des reportages fournies clés en main pour le compte de clients étrangers, sans validation de la rédaction en chef de la chaîne, sachant que les sujets concernés des oligarques russes, le Qatar, le Soudan, ou le Sahara.
Concrètement, c'est une une agence de désinformation israélienne dirigée par des anciens de l’armée et des services secrets qui a permis la diffusion de ces informations via ledit intermédiaire qui fournissait les contenus au journaliste de BFMTV.
La structure a été infiltrée par les enquêteurs du consortium. Spécialisée dans l'influence, la manipulation électorale et la désinformation, et sans aucune existence légale, elle se trouve dans la zone d'activités de Modiin, entre Jérusalem et Tel Aviv.
L'enquête montre notamment que les "employés de cette structure fantôme sont "intervenus dans 33 campagnes électorales au niveau présidentiel." Et de préciser, "les deux-tiers d'entre elles en Afrique anglophone et francophone. 27 ont été un succès".
Alors, quels sont les liens réels entre Rachid M'Barki et cette agence de désinformation israélienne ? Est-il un "agent" d'un autre pays ? La question est légitime, même si elle semble invraisemblable. La justice française, elle, va-t-elle ouvrir une enquête ?