Geneviève de Fontenay est décédée dans la nuit de mardi à mercredi, victime d'un arrêt cardiaque dans son sommeil à l'âge de 90 ans, selon les informations de sa famille. A la tête du concours de beauté Miss France de 1981 à 2009, elle cultivait l'ambiguïté dans un contexte de lutte contre le sexisme.

Surnommée la "dame au chapeau", Geneviève de Fontenay est née le 30 août 1932 à Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Mannequin chez Balenciaga, elle devient secrétaire générale de l'association du comité Miss France, dès 1954, dirigée par Guy Rinaldo et son mari Louis Poirot.

Puis, la jeune femme sera élue "miss Élégance" trois ans plus tard, en 1957, avant de prendre la tête du comité, en 1981, après la mort de son époux, 26 ans son aîné. Son ascension sera fulgurante, et Miss France deviendra un rendez-vous incontournable et populaire.

Chaque année, une jeune française aux critères trop bien définis est ainsi élue Miss France pour une durée de un an, après une série de sélections régionales et locales relativement discutables, et une cérémonie en forme d'apothéose, sur France 3 puis TF1.

Depuis les années 80, beaucoup d'entre elles sont devenues des vedettes du petit écran, animatrices, chroniqueuses, présentatrices météo, journalistes, ou simplement influenceuses. Paradoxalement, malgré les critiques, toutes estiment être féministes.

Le "mythe de la virginité"

Ce n'est pas le point de vue des associations de défense des droits des femmes et de lutte contre le sexisme, et les violences sexuelles, Selon l’association "Osez le féminisme", interrogée par le magazine Elle, "Miss France est un concours rétrograde, sexiste, uniquement basé sur le physique"

Selon Eléonore Stévenin-Morguet, porte-parole du mouvement féministe, "quant au fait d’exiger des candidates qu’elles soient célibataires, ce mythe de la virginité, de la pureté qui leur est encore imposé, ça n’a aucun sens, dit-elle".

Elle ajoute que "ce qui émerge de ce programme, c’est qu’une femme modèle d’aujourd’hui est donc une jeune femme belle, très mince avec les cheveux longs. La justice a d'ailleurs débouté en janvier 2023 l'association "Osez le féminisme".

Le conseil de prud'hommes de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, saisi par le mouvement, avait attaqué le concours Miss France, dont elle dénonce le caractère "sexiste", en contrevenant au droit du travail. Depuis, "Osez le féminisme" poursuit son combat judiciaire.

De tous les partis ?

Geneviève de Fontenay était aussi une voix qui raisonné dans le paysage politique, et ses prises de positions ont souvent divisé. D'abord en 2002, elle avait soutenu la candidature à l'élection présidentielle de la porte-parole de Lutte ouvrière, Arlette Laguiller.

Puis, pendant la campagne de 2007, elle s'était prononcée pour la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal, avant, cinq ans plus tard, en 2012, d'appeler à voter pour François Hollande, et de se ranger au camp d'Emmanuel Macron en 2017.

Plus tard, elle retourne sa veste pour soutenir l'ancien collaborateur de Marine Le Pen au FN, Florian Philippot, notamment au travers d'une initiative contre la politique jugée "antisociale" du président français Emmanuel Macron.

Sur d'autres sujets, en 2016, Geneviève de Fontenay avait notamment pris position contre l'homoparentalité, contre la gestation pour autrui, et la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes, dite PMA.

Elle avait ainsi rejoint "La Manif pour tous", un mouvement radical opposé au "mariage pour tous" et entre personnes du même sexe. Ses ambiguïtés sont allées jusqu'à soutenir les "Gilets jaunes", avant de s'en désolidariser quelques mois plus tard.