Crédit photo : NP/Newestpost/MaxPPP/ necati Savas/EPA - Image des supporters de Recep Tayyip Erdogan après sa réélection, à Ankara, le 28 mai 2023
Réélection de Recep Tayyip Erdogan en Turquie : quelles conséquences ?
Favoris après le premier tour, l’infatigable Recep Tayyip Erdogan a été réélu à l'issue du second tour de l’élection présidentielle en Turquie. Après 20 ans au pouvoir, d’abord comme Premier ministre puis comme président, le chef de l’Etat prolonge de cinq ans.
Le président sortant Recep Tayyip Erdogan a été réélu en Turquie, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle, dimanche 28 mai 2023. Favoris après le premier tour, il devance largement son adversaire Kemal Kiliçdaroglu de cinq points.
Concrètement, Erdogan a obtenu 52,16% des voix, contre 47,84% pour son rival. Après 20 ans au pouvoir, d’abord comme Premier ministre puis comme président, le chef de l’Etat prolonge donc de cinq ans à la tête de la Turquie.
Menacé mais pas évincé
Recep Tayyip Erdogan a vacillé mais n’a pas chuté. Avant le premier tour, le président sortant était donné perdant dans les sondages. L’opposition unie autour de Kemal Kiliçdaroglu se voyait déjà mettre fin au règne du chef de l’Etat.
Le pays est touché de plein fouet par la crise économique et la côte de popularité du président est au plus bas, notamment depuis la série de séismes en février dernier. La catastrophe naturelle a provoqué la mort de 50.000 personnes.
Le chef de l’Etat, accusé d’avoir réagi trop tard pour aider les zones sinistrées, a été contraint de s’excuser. Pourtant, et malgré l’inflation qui a atteint un niveau record dans le pays avec près de 50%, Erdogan a su rassembler autour de sa politique étrangère.
Il a notamment permis à la Turquie de devenir un pays puissant sur la scène internationale, particulièrement avec la guerre en Ukraine. Son rôle de médiateur entre Moscou et Kiev a clairement fait pencher la balance en sa faveur lors de l’élection.
Quelles conséquences à l’international ?
Le président français a immédiatement réagi après la réélection de son homologue Turque. Emmanuel Macron a évoqué “d'immenses défis à relever ensemble”. Tandis que Joe Biden se dit satisfait “de continuer à travailler ensemble, en tant qu'alliés au sein de l'Otan”.
De son côté, Vladimir Poutine estime que le succès de Recep Tayyip Erdogan est une “preuve évidente” du soutien de la population à sa politique. Le président turque devrait ainsi poursuivre son rapprochement avec les autres puissances étrangères.
Depuis son arrivée au pouvoir, Ankara a grandement renforcé son influence au Proche-Orient, tout en multipliant ses relations bilatérales, notamment avec la Chine. En revanche, son lien étroit avec Moscou est sujet de discorde au sein de l’Otan.
La relation entre la Turquie et l’Union européenne est également au point mort. En cause, le virage autoritaire pris par Recep Tayyip Erdogan depuis les années 2010, avec la répression menée contre les oppositions, ainsi que les attaques contre les libertés de la presse.
Politique intérieure
Recep Tayyip Erdogan enchaîne les mandats depuis 2003, d'abord en tant que Premier ministre, puis comme président depuis 2014. Le conservateur nationaliste et islamiste est à la tête du Parti d’extrême droite de la justice et du développement (AKP).
A ses débuts, il promettait un Etat plus démocratique, mais au fil des ans, le président a opéré une dérive autoritaire, notamment contre le peuple kurde. Avec sa réélection, la politique menée contre cette partie de la population ne devrait pas évoluer.
Durant ses précédents mandats, l’homme de 69 ans a également réduit les droits des femmes et répondu par la violence aux mouvements contestataires. Globalement, Recep Tayyip Erdogan n’a pas promis de réel changement sur sa politique intérieure.