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Crédit photo : NP/Newestpost/MaxPPP/STR/EPA - Image des migrants abandonnés dans le désert à la frontière libano-tunisienne, à Al-Assah, le 30 juillet 2023

Actualité / International

Tunisie : des migrants expulsés et abandonnés en plein désert ?

D’après l'Organisation des Nations unies et plusieurs ONG présentent sur place, les autorités tunisiennes arrêtent les migrants pour les renvoyer sans eau ni nourriture à la frontière libyenne et algérienne. De son côté, la Tunisie nie en bloc.

De violents affrontements ont éclaté au début du mois de juillet dans la ville de Sfax en Tunisie entre les habitants et les migrants, dans un contexte de crise économique et sociale dans le pays. Cette ville est une porte de sortie vers l'Italie et l'Union européenne.


Depuis, selon les ONG présentes sur place, les autorités tunisiennes arrêtent les sans papiers pour les renvoyer sans eau ni nourriture à la frontière libyenne et algérienne, où ces personnes errent dans le désert en attente d’un départ vers l”Europe.


Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a dénoncé ces “expulsions” et appelle à la mise en place de “solutions urgentes”. Le porte-parole de l’ONU se dit lui extrêmement “préoccupé” de la situation.


Au moins “1 200 ressortissants subsahariens” ont été expulsés par les forces de sécurité tunisiennes, selon l'ONG américaine Human Rights Watch. Des centaines de migrants continuent toujours d'affluer dans le désert libyen en provenance de Tunisie.


Crise politique


De son côté, la Tunisie nie en bloc. Selon le ministre de l'Intérieur, Kamel Feki, les déclarations des organisations internationales sont parsemées “d’imprécisions et de contrevérités”, dans un message relayé par l’agence locale Tap.


Toujours d’après le ministre tunisien de l’Intérieur, “15 327 migrants, dont 95% provenant d'Afrique subsaharienne, ont été sauvés entre janvier et juillet”, dans une période marquée par l’incertitude politique, avec notamment l'arrivée d’un nouveau parlement en 2023.


Après vingt mois de fermeture, le Parlement tunisien avait rouvert en mars dernier, mais avec une majorité de députés sans étiquette politique. Presque deux ans avant, le coup de force du président Saïed avait entraîné la suspension du pouvoir législatif.


En juillet 2022, dans un contexte de crise politique, économique et sociale sans précédent dans le pays, une nouvelle constitution avait été adoptée. Le texte avait été largement contesté, avec un taux de participation de seulement 30,5%, selon les autorités.


Crise économique et sociale


Depuis, les pouvoirs du président Kaïs Saïed ont été renforcés. Mercredi, le président tunisien avait limogé sa première ministre Najla Bouden. Elle avait été la première femme de l'histoire du pays placée à la tête d'un gouvernement.


Ces derniers jours, plusieurs réunions ont eu lieu au sein du gouvernement autour de problèmes de pénuries de pain subventionné dans plusieurs régions, une des raisons de l’éviction de la Première ministre, d’après plusieurs médias locaux.


Le pays est endetté à hauteur de 80 % du produit intérieur brut (PIB), tandis que la croissance est d’environ 2%. Mais la pauvreté, qui est en hausse constante dans le pays, concerne désormais 4 millions de Tunisiens sur 12 millions d’habitants.


La Tunisie a aussi un chômage très élevé, avec 15 % de la population active sans emploi. Le pays subit également une immigration massive, venue de Libye, d’Erythrée, et d’autres pays d’Afrique. Les autorités tentent donc visiblement par tous les moyens de s’en débarrasser.


Publié le 04/08/2023 à 07:57, Samuel Coiffard

Publié le

04/08/2023 à 07:57

Par

Newestpost

Journaliste

Samuel Coiffard

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