Emmanuel Macron est à Marseille, où il a entamé lundi 26 juin 2023 sa visite de trois jours pour lancer la deuxième phase de son plan “Marseille en grand”. Mais la visite a été entachée par une nouvelle polémique autour d’une déclaration du président.

Après le fameux “traverser la rue pour trouver du travail”, lâché par le président à un jeune horticulteur en septembre 2018, Emmanuel Macron récidive et assure cette fois qu’il suffit de faire “le tour du Vieux-port” à Marseille pour trouver “10 offres d’emploi”.

Le chef de l’Etat a entamé lundi 26 juin 2023 une visite de trois jours dans la cité phocéenne pour lancer la deuxième phase de son plan “Marseille en grand”. Lundi, la journée était axée sur la sécurité, avec notamment une rencontre avec les policiers de la ville.

Sécurité et trafic de drogue

Depuis janvier 2023, 21 personnes sont mortes dans les rues à Marseille, sur fond de trafic de drogue. La question de la sécurité était donc au cœur de cette première journée, notamment avec le déplacement d’Emmanuel Macron au commissariat central.

Il a par ailleurs visité le chantier de la future prison Baumettes 3. Sur place, le chef de l’Etat affirme que la lutte contre les trafics de drogue “est une responsabilité collective”, avant de continuer à dénoncer le rôle des consommateurs dans le système.

La veille, déjà, invité du journal La Provence, Emmanuel Macron a annoncé que le paiement des amendes forfaitaires pour consommation de drogue “pourra bientôt être immédiat, soit par carte bancaire ou en espèces”. Une mesure qui doit entrer en vigueur dès janvier 2024.

Le chef de l’Etat a également défendu son plan “Marseille en grand”, lancé en 2021. 15 milliards d’euros, dont 5 provenant de l’Etat, ont été engagés pour déployer notamment 300 policiers et 32 magistrats supplémentaires sur le terrain et soutenir 82 écoles innovantes.

Entre arrogance et déconnexion

Malgré ce plan, les problèmes liés à la sécurité et au logement se multiplient à Marseille. La ville compte toujours de nombreux logements insalubres et la pauvreté s'accroît. Mais une “petite phrase” du président est venue éclipser les annonces sur la sécurité.

En réponse à une femme, assurant que son fils au RSA ne trouve pas de travail, Emmanuel Macron affirme qu’il suffit de faire “le tour du vieux port” pour trouver “10 offres d’emploi”. Une déclaration qui fait écho à son fameux “traverser la rue”, lâché par le président en 2018.

Entre arrogance et provocation, le chef de l’Etat semble encore déconnecté de la réalité s’agissant de la réinsertion au travail. Concrètement, il remet en cause la capacité des personnes au RSA à trouver un emploi et insinue qu’il est capable de faire mieux.

Avec cette manœuvre clairement politique, Emmanuel Macron souhaite faire du pied de nez à l'électorat qui assure que les chômeurs sont des “fainéants”. Une déclaration qui va nourrir encore les reproches autour de son arrogance et sa déconnexion de la réalité.

“Traverser la rue”

“Traverser la rue pour trouver du travail” ? Pas si simple ! Entre problèmes de formation et de qualification, de transports et de logement, ou encore de confiance en soi, la réalité du terrain est bien plus compliquée que décrite par le président.

Paradoxalement, le taux de chômage est descendu à 7,1% au premier trimestre 2023, soit le plus faible depuis 40 ans. Mais à côté de ça, entre 200.000 et 300.000 emplois ne trouvent pas preneur, d’après une étude de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie.

Sur le fond, Emmanuel Macron souhaite défendre un bilan plutôt positif sur la question de l’emploi. Mais sur la forme, le chef de l’Etat fait encore du zèle sur la question de l'emploi. C’est encore une grosse erreur de communication, mais qu’il ne semble pas regretter.

Ce côté provocateur le rend presque antipathique. Le 12 mai dernier, en visite dans une usine d’aluminium à Dunkerque, il déclarait : “il y a quelques années, je disais qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver un emploi, aujourd’hui, ici, il faut faire un mètre”.

Éducation et logement

Après la polémique, la visite du chef de l’Etat se poursuit mardi 27 juin 2023, avec une journée axée sur l’éducation. Emmanuel Macron a annoncé la veille que les collèges seront progressivement ouverts “de 8h à 18h” et la maternelle accessible dès l'âge de deux ans.

Ces mesures entreront en vigueur dans les quartiers d'éducation prioritaire, à commencer par ceux de Marseille, pour lutter contre “l'inégalité scolaire”. Elles seront étendues aux 300 quartiers les plus sensibles de France à l'horizon 2027, a précisé la présidence.

Le locataire de l’Elysée a également évoqué l'idée d'avoir “moins d'élèves” par classe en moyenne section et maternelle, dans ces quartiers-là. S’agissant des terminales au lycée, le chef de l'Etat a aussi annoncé que des mesures allaient être prises dès la rentrée.

Mercredi, le président conclut sa visite avec une journée axée logement. Un des grands objectifs du plan “Marseille en grand” est de lutter contre l’habitat indigne et la hausse des demandes de logements sociaux, qui ont explosé dans la cité phocéenne.