Le président était l’invité des JT de 13h sur TF1 et France 2, mercredi, deux jours après l’adoption du projet de loi sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale. Mardi, déjà, le chef de l’Etat a reçu les députés de la majorité à l’Elysée. Selon lui, “la foule n'a pas de légitimité face aux élus”.

Sans surprise, à la veille d’une 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron ne reculera pas. Mercredi, sur TF1 et France 2, le chef de l’Etat a confirmé qu’il allait promulguer le texte après l’examen du Conseil constitutionnel.

Malgré la grève et les actions improvisées qui touchent de nombreux secteurs en France, le président français reste droit dans ses bottes, tandis qu’il y a encore eu des rassemblements à Paris et en province, mardi, à l'occasion d’une cinquième soirée de mobilisation.

Elle a rapidement tourné aux dégradations et affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Tandis que des députés et des membres du Syndicat National de la Magistrature dénoncent des violences policières et des arrestations arbitraires.

La situation est aussi tendue dans les stations-service. Mercredi, 14% d’entre elles manquaient d’au moins un carburant. La grève des éboueurs à Paris et dans plusieurs villes de province provoquent également des tensions, malgré des réquisitions notamment dans la capitale.

Une variable d’ajustement

La tension est aussi palpable dans les transports publics, avec une grève illimitée qui continue de perturber le trafic ferroviaire et aérien. Jeudi, le mouvement devrait ainsi une nouvelle fois impacter les voyageurs dans les gares et les aéroports.

Concrètement, Emmanuel Macron estime que la situation est assez grave pour réformer le régime des retraites et garantir l’équilibre du système de répartition d’ici à 2030. Résultat, le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans semble évident, selon lui.

Sur TF1 et France 2, mercredi, il a ainsi réaffirmé que c’était dans “l'intérêt de l’Etat”, dit-il, de mener cette réforme à terme. Et d’ajouter que le “processus démocratique a été respecté”, et que “le parlement s’est prononcé en rejetant une motion de censure”.

En fait, le président est surtout sous la menace de Bruxelles (UE). Dans cette affaire, il a fixé un objectif clair au gouvernement d'Elisabeth Borne : le retour à moins de 3% de déficit de la France avant fin 2027, contre environ 5% actuellement.

Conséquence, la retraite des Français est devenue une variable d’ajustement en vue de la bonne tenue des comptes publics, quitte à aller au clash avec les Français. En renvoyant les contestataires à la violence, il balaie ainsi au passage l’idée d’une quelconque “légitimité” des manifestants.

Ses “méthodes de gestionnaire”

Finalement, Emmanuel Macron n’est pas seulement un “technocrate”, il est surtout le fidèle écuyer d’un système, profondément attaché au modèle mathématique et économique plus ou moins libéral des ces 50 dernières années. En revanche, il semble n’avoir ni vision, ni projet.

Face à lui, les Français qui dénoncent ses méthodes de “gestionnaire” n’ont rien à attendre, si ce n’est le cynisme de sa posture. En revanche, le chef de l’Etat semble, lui, sous-estimé la grogne et le sentiment ancestral et contestataire des citoyens français.

En continuant d’ignorer ou de mépriser les revendications, Emmanuel Macron prend ainsi plusieurs risques : le blocage, la poursuite des violences ou pire, une démission forcée faute de pouvoir gouverner, d’autant plus sans majorité réelle ou absolue.

Désormais, le Conseil constitutionnel va trancher avant la promulgation du texte. Selon toute vraisemblance, les quatre années restantes du second mandat d’Emmanuel Macron s’annonce tel un périple en forme de parcours du combattant.