Crédit photo : NP/Newestpost - Image du grand collisionneur de hadrons, LHC, au CERN (Genève)
Science : le boson de Higgs n'était pas qu'une chimère
Cette particule élémentaire, le boson de Higgs, connue comme le chaînon manquant du "Modèle Standard" de la physique des particules, a été observée pour la première fois en 2012 par les physiciens du CERN, à Genève, en Suisse.
Le "Boson de Higgs", rappelons le, est lié à l'existence d'un champ de forces invisibles qui donnent leurs masses à chaque objet dans l'univers. Les particules qui interagissent le plus avec lui deviennent les plus lourdes, alors que celles qui ne s'y frottent pas restent dépourvues de masse.
Cette théorie, somme toute élégante, date des années soixante. Elle a été pensée par le Britannique Peter Higgs et les Belges Robert Brout et François Englert. Mais depuis, l'existence de cette particule, dite "divine", ne faisait l'objet d'aucune observation, au point d'avoir désespéré plus d'un scientifique, les plus sceptiques notamment.
Il faut dire qu'avec la masse élevée du "Boson", connue comme très instable, il s'évapore aussi vite qu'il apparaît. Ainsi, pour confirmer son existence, les scientifiques essayent depuis une dizaine d'années de le débusquer en observant les résultats de nombreuses collisions, particule contre particule, proton contre proton.
Pour les aider dans leur tâche, ils utilisent, à la frontière franco-suisse, le fameux accélérateur de particules dénommé le grand collisionneur de Hadrons. Il est à ce jour le plus puissant au monde. Le but étant de recréer les conditions qui existaient quelques instants après le "Big Bang".
Ce matin les physiciens du CERN ont donc mis fin au suspens. Selon eux, il y a désormais plus de 99,9999 % de chance que l'observation soit correcte. La masse du "Boson" découvert est de 125 GeV (gigaélectronvolt) environ, il s'agit des unités utilisées par les physiciens pour peser les particules.
Chose acquise, en tout état de cause, le "Boson de Higgs" n'est pas qu'une chimère !
Il vient ainsi renforcer l'idée que le "Modèle standard" qui se veut une théorie du tout est crédible. Plus que jamais prêt à faire face à de nouveaux défis contradictoires.
"La théorie du tout"
Désormais, pour expliquer les mécanismes complexes de notre univers, nous pouvons compter sur cette théorie, devenue à priori une équation, "la théorie du tout" en somme. Elle s'appuie sur quatre forces fondamentales: la gravité, l'électromagnétisme, et les deux interactions nucléaires, forte et faible.
Depuis la "relativité" d'Albert Einstein au début du 20ème siècle, et la naissance de la "mécanique quantique" avec Max Plank notamment, quelques années plus tard, cette découverte, cette part d'aboutissement, ouvre inexorablement la voie à une nouvelle perception de la physique, et plus largement de la matière, de toutes choses composant notre univers.
Mais même identifié, la quête n'est pas terminée, car tous les secrets du "Boson de Higgs" sont encore loin d'être dévoilés. Une multitude d'informations restent à exploiter avant d'affirmer sans ambiguïté aucune, la viabilité, la cohérence et le sérieux du "Modèle Standard".
Selon le CERN, l'analyse des traces laissées par la particule élémentaire découverte au cours de l'été 2012 "indique fortement" qu'il s'agit bien du boson de Higgs.
Jeudi 14 mars 2013
L'analyse des données recueillies sur la particule élémentaire découverte l'été dernier dans le grand collisionneur de hadrons (LHC) tend fortement à confirmer qu'il s'agit bien du boson de Higgs, dont les scientifiques soupçonnaient l'existence depuis des décennies, a déclaré jeudi le Cern.
Dans son communiqué, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire ne va cependant pas jusqu'à affirmer qu'il s'agit sans aucun doute possible de ce boson, qui serait la particule donnant sa masse à la matière.
Selon le Cern, l'analyse du comportement du boson de Higgs, dont l'existence a été postulée pour la première fois au début des années 1960, et de son interaction avec les autres particules "laissent fortement penser qu'il s'agit de lui".
Cette annonce a été faite à l'issue d'une présentation des dernières découvertes faites par CMS, l'une des deux équipes qui travaillent sur le boson, lors d'une conférence de physiciens dans les Alpes italiennes.
"Les résultats préliminaires prenant en compte la totalité des données recueillies en 2012 sont formidables, et à mes yeux. Il est clair que nous avons affaire au boson de Higgs, même s'il faudra encore longtemps avant de déterminer de quel type de boson de Higgs il s'agit", a déclaré le porte-parole de CMS, Joe Incandela, à l'agence Reuters.
*Article publié dans les blogs du journal Le Monde.fr, en date du 4 juillet 2012