L’année 2023 s’annonce plus difficile sur le front économique que 2022, mais les banques semblent accuser le coup et maintiennent un esprit de confiance dans la solidité des institutions. Dans une interview accordée à l’agence d’information Newestpress, José Santucci, le directeur général du Crédit Agricole PCA reste optimiste mais confirme qu’il existe de réelles inquiétudes.

Dans un contexte d’inflation, de crise de l’énergie et de guerre en Ukraine, les prévisions pour l’année 2023 de toutes les institutions économiques de la planète, Banque mondiale, OCDE, ONU, OMC, vont toutes dans le même sens. Ces dernières ont d’ailleurs abaissé leurs prévisions de croissances ces derniers mois.

Selon la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans une interview sur CBS, début janvier, “la nouvelle année sera plus difficile que celle que nous laissons derrière nous". Et pour cause, "les trois principales économies, les États-Unis, l'Union européenne et la Chine, ralentissent toutes simultanément", dit-elle.

Le Fonds Monétaire International a ainsi abaissé en octobre sa prévision de croissance mondiale 2023, notamment face à la guerre en Ukraine, à la remontée des taux d'intérêt et à l'inflation. La crainte étant de voir la situation se dégrader. Selon José Santucci, le directeur général du Crédit Agricole PCA, il faut rester prudent mais “optimiste”, dit-il, face à ces prévisions.

Le Premier président de la Cour des comptes, lui, Pierre Moscovici, s'est dit mercredi "préoccupé" par la dégradation des finances publiques en France. Il a malgré tout élevé la prévision de croissance de 1% du gouvernement pour 2023 en dépit d'une conjoncture relativement anxiogène.

Défaillances et incidences

Dans l’Hexagone, à Paris ou en Province, les Français bénéficient notamment d’une bonne couverture sociale et d’une multitude de mesures venue du gouvernement en forme d'aides sociales pour soutenir leur niveau de pouvoir d'achat, et ainsi faire face tant bien que mal à la hausse des prix et des coûts de l’énergie.

Malgré une année 2022 relativement difficile, dopée par une augmentation de la pauvreté et de la précarité, d’autant plus au sortir de la crise du Covid-19, la France semble avoir les reins solides, comme elle l’a démontré en 2008 à l’occasion de la crise dites des “subprimes”.

Tandis que le chômage, en France, n’a jamais été au plus bas depuis le début des années 80. En revanche, tout cela a un coût et la dette explose, tandis que les tensions sociales et politiques que rencontrent le pays semblent parfois insurmontables.

Sur le front des défaillances d’entreprises, pas d’inquiétude, selon José Santucci. Lors de notre rencontre, vendredi 20 janvier 2023, à Saint-Laurent du Var, au siège régional de la banque, ce dernier a confirmé que les chiffres actuels sont la conséquence de la crise sanitaire, et qu’ils reviennent à leur niveau d’avant Covid-19.

Les banques traditionnelles

L’épargne des Français, elle aussi, se porte bien. D'ailleurs, le 1er février 2023, le Livret A verra son taux d’intérêt augmenter pour s’établir à 3%. Idem pour le Livret d’Epargne Populaire qui affichera une rémunération d’environ 6%.

S’agissant des taux d’incidences sur les crédits, les chiffres sont même légèrement en baisse, selon José Santucci. Le directeur général du Crédit Agricole PCA rappelle que malgré les prévisions les banques ont la capacité d’affronter les crises, tout en préservant un service de proximité.

Justement, les Français continuent de préférer les banques dites traditionnelles. Au total, environ 5 millions de personnes ont un compte en ligne. Bforbank, la banque en ligne du Crédit Agricole compte désormais 300.000 clients, selon les derniers chiffres révélés par José Santucci, vendredi.

Tandis que Boursorama Banque aurait dépassé le million de clients, devant ING, Fortuneo, et Hello Bank. La croissance du marché des banques en ligne ne semble pas avoir créé le bouleversement économique annoncé à l'époque, à grand renfort de plateformes de banques en ligne lancées ces 10 dernières années.

Bref, 2023 sera sans aucun doute un marqueur déterminant de l'évolution économique de ce premier quart de siècle. Les défis sont nombreux, notamment face au réchauffement climatique et à la transition écologique, qui se heurtent à chaque instant aux exigences de l'économie, du social, du sanitaire, et des finances.

Un milieu froid et brutal

Ouvert, très accessible, José Santucci est un homme à qui tout réussi. Corse, il a rejoint la métropole pour y évoluer dans le milieu agricole avant d’être recruté par la banque Crédit Agricole dans les années 80 et de gravir les échelons un à un jusqu'à prendre tête de la région Provence Côte d’Azur.

Très libéré sur ce point, il n’a pas peur d'affirmer que c’est lui qui a choisi, il y a sept ans, en 2015, de s'installer à St Laurent du Var, tout près de Nice. Avec les agences des Alpes Maritimes, dont Monaco, du Var, et des Alpes de Haute Provence, il dirige ainsi l’une des plus belles fédérations du Crédit Agricole.

Son optimisme, sa bonhomie, son sérieux, et sa simplicité font de lui un personnage intriguant, attachant, fascinant, d’autant plus dans un monde professionnel froid et brutal, entre économie, banques, assurances, et finances, mais dans lequel il a su, semble t-il, faire parfaitement sa place.