Après les émeutes qui ont frappé le pays suite à la mort de Nahel, de nombreux experts du tourisme déplorent un impact catastrophique sur le secteur en France. En réaction, le gouvernement tente de relativiser sur ces répercussions.

Plusieurs ambassades étrangères appellent leurs ressortissants à la prudence dans les rues parisiennes, après les émeutes qui ont frappé le pays suite à la mort de Nahel, cet adolescent de 17 ans tué par un policier à Nanterre après un refus d’obtempérer.

En conséquence, de nombreux experts du tourisme déplorent un impact catastrophique sur le secteur en France, constatant un taux de “20 à 25% d’annulations à Paris sur la clientèle internationale”, selon Jean-François Rial, président de l’Office de tourisme de Paris.

Annulations

Les émeutes qui touchent la France depuis une semaine, suite à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier après un refus d'obtempérer, ont été largement relayées à l’internationale, notamment en Europe et aux Etats-Unis.

L’affaire fait justement échos au drame de Georges Floyd, étouffé mortellement par un policier américain, à Minneapolis, dans le Minnesota, qui avait déjà eu une consonance internationale. Les émeutes ont donc de quoi inquiéter les touristes étrangers.

Les chiffres annoncés par l’Office du tourisme de Paris viennent justement confirmer cette inquiétude. D’après son président Jean-François Rial, dans un entretien à l’AFP, “20 à 25% de la clientèle internationale” a annulé son voyage dans la capitale française.

Après les deux semaines de violences survenues suite à la promulgation de la réforme des retraites, ces émeutes ont accentué la mauvaise image du pays à l’étranger, notamment sur le long terme, avec probablement un impact sur les Jeux-olympiques de Paris 2024.

Relativiser

De son côté, le gouvernement français se veut rassurant sur un éventuel impact des émeutes sur le tourisme à Paris. La capitale ne connaît pas de “vague d'annulations”, d’après la ministre déléguée au Tourisme, Olivia Grégoire, mardi 4 juillet 2023.

“Il faut garder son sang-froid”, ajoute t-elle, avant d’assurer qu’un frétillement de “-0,5 à - 2%” ne permet aucunement de tirer des conclusions. Le ministre de l’économie Bruno le Maire, est également vent debout pour défendre la filière à l’international.

Il s'est notamment adressé mardi soir aux téléspectateurs internationaux, sur la chaîne de télévision américaine CNN, pour marteler que les émeutes qui touchent la France n'auront pas de conséquences sur “la croissance et l'attractivité” du pays.

Justement, Didier Arino, le directeur général du cabinet Protourisme, relativise aussi ces répercussions, dans un entretien au journal Capital. Il assure que “80% de la clientèle étrangère est européenne” et que l’impact sera donc minime.

Un mal pour un bien ?

Tous les territoires ne seront pas impactés de la même manière. Peu de chance de voir des annulations dans les campings à la campagne ou en bord de mer en raison des émeutes, malgré certaines villes côtières impactées, notamment Marseille.

L’impact sera surtout marqué parmi la clientèle japonaise ou américaine. “25% de la clientèle américaine à Paris depuis le début de l'année compensait l'absence des Chinois et des Russes”, regrette ainsi le président de l’Office du tourisme de Paris.

Mais face au surtourisme, ces annulations en pagaille sont finalement une bonne nouvelle. Certaines destinations très prisées des voyageurs tentent depuis plusieurs années de limiter le tourisme et adoptent des mesures pour protéger le patrimoine et les espaces naturels.

Le surtourisme a justement des conséquences néfastes sur l’environnement, tout en apportant un déséquilibre du marché locatif. À Paris, environ 20 000 logements en location classique sont devenus des meublés touristiques en cinq ans, d’après la Ville de Paris.